Nous venons d’avoir l’occasion de tester Speed Letters, du Droit de perdre (l’éditeur de Comment j’ai adopté un gnou / un dragon), un jeu d’Erwan Morin.
Le principe est simple : on nous donne des mots de plus en plus longs. Chaque joueur dispose d’un jeu de cartes d’une couleur reconnaissable, représentant toutes les lettres de l’alphabet. Il va falloir sélectionner celles qui servent à écrire le mot en question.
Là où ça se complique, c’est qu’on va tous essayer de trouver les lettres en même temps, le plus vite possible, et en évitant les doublons injustifiés, qui correspondent à des malus. Et puis, il va falloir trouver les lettres dans un jeu de cartes mélangées où les lettres se présentent de manière aléatoire, tout en mémorisant ce que les autres joueurs ont déjà mis… Pas si simple, n’est-ce pas ?
Exemple concret : le mot à écrire est ANAPHORE (8 lettres).
Le premier joueur trouve un P dans son jeu et le lance dans le coffre en disant à haute voix de quelle lettre il s’agit. Les autres joueurs cherchent en même temps. Mettons qu’un autre joueur place un E, que le premier ajoute un A et que le troisième mette un H. Il reste encore N, le deuxième A, O et R. Mais encore faut-il que les joueurs ne remettent pas une lettre déjà placée par erreur (P, E, A ou H) ou n’oublient pas une des lettres du mot en croyant qu’elle a déjà été trouvée, voire même qu’ils utilisent une lettre qui ne fait même pas partie du mot dans la précipitation !
Quand tous les joueurs pensent avoir terminé la sélection des lettres, on va tenter de recomposer le mot, en plaçant, dans l’ordre où les cartes ont été lancées, les lettres dans le bon ordre. Le coffret comporte des « pierres précieuses » : 5 perles, 5 pépites d’or et 3 rubis, qui valent respectivement 1, 2 et 3 points. On les place sur chaque lettre correcte en utilisant les pierres dans l’ordre croissant de valeur. En revanche, tout malus (lettre en doublon ou erronée) va faire perdre une pierre, dans l’ordre décroissant de valeur… On reconnait facilement qui a mis quoi avec la couleur de fond des cartes (le coffret comporte 5 fois l’alphabet).
Ensuite, on recommence : en tout, on écrit 4 mots des cartes « trésor » et un 5e des cartes « double trésor », avec une difficulté croissante, puisque chaque mot comporte une lettre de plus que le précédent. À noter : chaque carte rassemble des mots autour d’un même thème et une définition est précisée pour chacun.
Le jeu se décline en plusieurs modes : classique, junior ou version à deux. On écrit cinq mots par partie. Il est recommandé pour les 7 ans + (adultes compris), pour 2 à 5 joueurs et des parties de 20 minutes environ.
Les règles sont simples à comprendre, mais le jeu est bien plus diabolique qu’il peut en avoir l’air au premier abord ! Il y a 230 mots à recomposer, donc les parties ne sont pas répétitives. Évidemment, les mots ont été choisis avec soin (pas toujours facile d’orthographier Soljenitsyne !). Le hasard entre en jeu (l’ordre dans lequel nous allons trouver nos cartes, mélangées avant de jouer), mais on doit aussi faire preuve de stratégie : vaut-il mieux être prudent et ne mettre que peu de lettres dont on est sûr ou tenter le tout pour le tout et risquer une lettre sans se souvenir vraiment si elle a déjà été placée par un autre joueur ?
Le rythme est rapide et on s’amuse ensuite de voir les erreurs qu’on a faites : « Comment ? On a tous oublié le C de écureuil ? », « Oh non, j’étais convaincu d’être le premier à avoir placé un T ! », « Arg, il vient de mettre un A une seconde avant que je ne trouve le mien ! », « Qu’est-ce qu’il reste comme lettres à placer ? J’ai perdu le fil ! » Le principe des points avec les pierres de différentes valeurs, que l’on gagne mais aussi que l’on perd, est amusant.
En somme, un jeu de lettres original où il n’est pas si nécessaire que cela d’avoir une orthographe irréprochable pour participer, puisque l’on nous donne l’écriture de chaque mot avant de retourner la carte. Il fait appel à nos capacités à garder en mémoire le mot mais aussi les lettres déjà placées, à trouver vite les bonnes cartes et à les utiliser avant les autres, et surtout à s’écouter !
À noter, le jeu est labellisé « Youpi planète », c’est-à-dire qu’il est fabriqué dans l’Union européenne et que pour chaque arbre coupé, deux autres sont plantés. Quant au coffre dans lequel on jette les cartes, il s’agit du fond de la boîte, donc une utilisation maline du matériel.